Laurent MIGUET dans le Moniteur de juin 2020 consacre un dossier spécial au « dérèglement climatique qui bouleverse la fabrication de la ville ». L’article « Un technosol fertile sur le parvis du château de Vincennes » constitue la 3ème étape de ce dossier.
Une prairie de 11 200 m² poussera sur le technosol fabriqué par ECT, à la place des anciens parkings
« La climatisation de la ville passe par la fertilisation de ses technosols. La végétalisation de l’esplanade Saint-Louis, devant le château de Vincennes à Paris, étaye cette règle du métabolisme urbain. Pour transformer un parking en prairie, la voie de l’économie circulaire conjugue les avantages technique, écologique et économique.
Déminéralisation, végétalisation, infiltration : la métamorphose de l’esplanade Saint- Louis, devant le château de Vincennes, actionne ces trois leviers majeurs de l’atténuation des pics de chaleur urbaine. Retardés par la crise du Covid 19, les finitions du modelage de la nouvelle plate-forme fertile attendront la fin de l’année, de même que les semailles de ce futur espace récréatif et événementiel.
Irrigation douce
Mené en bonne intelligence avec l’Architecte des bâtiments de France, le ministère de la Culture et la ville de Vincennes, le chantier de la ville de Paris transforme en prairie 11200 m2 dédiés jusqu’alors au stationnement automobile. Directeur recherche et développement d’Enviro Conseil et Travaux (ECT), Benjamin Tilliet ramasse une poignée de la terre nivelée et encore nue qui a succédé au bitume : « Avec une granulométrie maximale de 20 mm, les graviers ne dérangent pas les jardiniers, l’argile ralentit l’infiltration et les résidus organiques apportent les nutriments nécessaires à la végétation », détaille-t-il.
Terres rares
Le chantier débloque un obstacle sur lequel bute souvent la végétalisation du Grand Paris : où trouver le substrat fertile ? Envisagée par l’entreprise Lachaux Paysage, titulaire du lot espaces verts, l’importation de terres végétales provenant de régions limitrophes de l’Ile-de-France se heurtait à une double impasse : aberration écologique, coûts prohibitifs. A grand renfort de camions, cette option n’aurait même pas permis de répondre aux exigences de portance et de drainage fixées dans le cahier des charges.
« Nous apportons une solution au moins deux fois moins chère », affirme Jonathan Bryden, directeur des nouveaux services et marchés d’ECT, leader francilien du stockage des déchets inertes du BTP, et sous-traitant de Lachaux Paysage à l’Esplanade Saint-Louis.
Avec 2800 m3 à répartir sur 26 à 27 cm d’épaisseur, le chantier offre à cette entreprise la première application à grande échelle des substrats fertiles mis au point sous la houlette de Benjamin Tilliet, dans le cadre du projet Urbafertil d’ECT.