Le projet de Grisy-Suisnes, s’achève après 4 années d’apport de terres. A cette occasion, notre partenaire, la SAFER IDF met en lumière ce projet de restauration écologique et du renouveau agricole.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la genèse du projet de Grisy-Suisnes ?
Dans les années 1990, le Domaine de la Grange-le-Roy a été victime de dépôts de matériaux pollués et d’opérations avortées de défiscalisation qui l’ont conduit dans un état d’abandon au début des années 2000. Après plusieurs projets infructueux, la Safer de l’Île-de-France est devenue propriétaire en 2012 des 67 hectares du domaine à l’exception du château et des communs. En achetant cette propriété, il y a 11 ans, nous avons fait le constat que le site avait besoin d’être nettoyé, réaménagé, pour être revalorisé. Nous avons alors pensé que les matériaux inertes issus des chantiers locaux de terrassement ou du Grand Paris Express (GPE) permettaient de mener à bien un tel chantier et de trouver ici une véritable valorisation, notamment en permettant de confiner les pollutions existantes puis de redonner au site une vocation agricole et naturelle.
Comment ce projet contribue-t-il à la préservation des espaces agricoles et répond-il aux enjeux de la SAFER ?
La Safer s’inscrit dans une dynamique de développement équilibré des territoires. Elle dispose d’un droit de préemption qui lui donne la possibilité d’intervenir sur une vente lorsque les objectifs suivants sont menacés : maintenir la vocation agricole d’un bien ; éviter la surenchère des prix ; favoriser le développement local et protéger l’environnement.
La Safer s’est ainsi positionnée en tant que maitre d’ouvrage sur des opérations d’aménagement à plusieurs fins :
- Garantir la transparence et la concertation avec les acteurs locaux
- Eviter que les déblais ne soient accueillis sur de la terre agricole productive
- Assurer la prise en charge financière privée des aménagements par l’apport de déblais inertes
En considérant tout cela, la Safer de l’Île-de-France s’est portée acquéreur du Domaine de la Grange-le-Roy dans le but de le requalifier puis d’identifier un porteur de projet pour la future exploitation du site. D’ici 2025, la Safer, appuyé de l’expertise de la Chambre d’Agriculture de Région Île-de-France, prévoit d’implanter une activité de pâturage extensif, permettant la consolidation d’un ou de plusieurs éleveurs locaux. Cela sera rendu possible grâce à la mise en œuvre d’un couvert végétal adapté. Ce projet de territoire concerté a aussi été rendu possible grâce au soutien de la Commune de Grisy-Suisnes et des services de l’Etat (notamment la DDT 77).
Comment le retour de la fertilité des terres est-il rendu possible ?
Avant de parler de fertilité des terres, il est important de rappeler que des volumes importants de terres inertes ont été accueillis sur le site dans le but de confiner les pollutions déjà présentes et de recréer un technosol permettant un couvert végétal à finalité agricole. Pour recréer ce substrat fertile, nous mélangeons des terres riches en limons avec du compost en surface. Après cette étape, un semis composé de plusieurs essences végétales a été planté. Il est maintenant prévu de laisser la prairie au repos pendant un à deux ans pour permettre au sol de se restructurer et de reconstituer un tissu vivant.
Est-ce une volonté de préserver, restaurer des milieux écologiques ? Quel rapport avec l’agriculture ?
Dans un contexte de réchauffement climatique, il n’est pas possible de concevoir l’agriculture sans l’environnement, les deux étant interdépendants. Depuis les années 1990, le site avait subi d’importantes dégradations de sa biodiversité. En plus de créer dix-huit hectares de prairie d’élevage, le projet s’est employé à recréer ou restaurer un ensemble de milieux boisés et humides propices à l’accueil et au développement de la faune et de la flore locale.
Pourquoi avoir développé un partenariat avec ECT sur le renouveau de ce site ?
En tant que maître d’ouvrage de ce projet, la Safer a souhaité retenir un opérateur selon son expérience et ses compétences techniques comme l’exige ce type de travaux. Le choix s’est porté sur ECT qui dispose de plusieurs références significatives sur le réaménagement d’ouvrages en terre sur des sites dégradés en Île-de-France. Cette collaboration avec ECT a ainsi permis de développer un projet qui n’avait jamais été mené auparavant et qui depuis a été reproduit sur un autre site en Seine-et-Marne (77) dans le cadre du réaménagement d’une ancienne carrière de gypse en parc urbain paysager. Le traitement et l’accueil des terres excavées notamment du GPE, mais aussi la consommation progressive des terres agricoles, sont des sujets préoccupants pour la Safer. Ils méritent que nos entreprises réfléchissent ensemble à des solutions innovantes et vertueuses pour tenter d’y répondre.
