La feuille de route “Ingénierie et Génie Écologique Horizon 2030” aspire à encourager l’utilisation des ressources offertes par le génie écologique, un domaine essentiel pour la restauration des écosystèmes. Guillaume Lemoine, référent biodiversité d’ECT, insiste sur l’urgence de rendre cette filière plus visible. En valorisant les travaux de restauration des écosystèmes, tels que l’épuration, la dépollution, et le stockage de l’eau, cette initiative montre comment des sols préservés et restaurés peuvent être des garants d’une biodiversité robuste et d’une lutte efficace contre le changement climatique.
Rendre visible le génie écologique et ses travaux
Si cette feuille de route veut encourager l’ensemble des acteurs de la société civile à mieux utiliser les ressources offertes par le génie écologique, il est urgent de rendre la filière plus visible et de mettre en valeur les travaux de restauration des écosystèmes et de leurs fonctions écologiques (épuration, dépollution, stockage et tamponnement de l’eau, expansion des crues, support de biodiversité, lutte contre l’érosion des berges, maintien et restauration des sols). Les solutions proposées sont efficaces et primordiales : des sols préservés, restaurés et refonctionnalisés sont les garants d’une bonne reprise des végétations installées. Sans oublier que dans un contexte du dérèglement climatique, la restauration des fonctions écologiques du sol est capitale pour le stockage du carbone et de l’eau.
Résoudre des injonctions contradictoires des politiques publiques
Il n’y a pas d’injonctions vraiment contradictoires si l’ensemble des politiques publiques intègrent et facilitent un recours au génie écologique. N’oublions pas que c’est un savoir-faire local qui s’appuie directement sur les ressources des territoires. Favoriser « la prise en compte du vivant et son utilisation » est un moyen pour que l’utilisation du génie écologique devienne un réflexe.
J’encourage la création d’une éco-conditionnalité dans l‘attribution des marchés et subventions publiques pour encourager les Maitres d’ouvrage à utiliser le génie écologique lorsque la nature des travaux prévus le permet. A minima, il faut permettre que les consultations autorisent « les variantes » et solutions alternatives. Ainsi les bureau d’études pourront diversifier les modes d’intervention. Mais bien entendu, cela ne doit pas se limiter à la commande publique.
Réduire la frilosité à l’égard du génie écologique et des « travaux faits pour/et/ou par le vivant »
Les difficultés que rencontre le génie écologique sont trois ordres.
Premièrement, le manque d’information et de connaissances des décideurs, élus, cadres territoriaux ou maitres d’ouvrage. Un autre obstacle est le décalage des temporalités. Un marché de travaux correspond souvent à un investissement massif et de courte durée. Lorsque l’on met à contribution le vivant, il lui faut du temps pour s’installer. Les plantes doivent développer leur appareil végétatif pour produire de la matière organique, des racines stabilisatrices ou épuratrices, stocker du carbone… La flore, la faune et la fonge ne recolonisent pas immédiatement les ouvrages et milieux créés.
Enfin, l’appréhension de certains à utiliser le vivant vient de l’incertitude de certains résultats. Ces aléas sont vécus comme supplémentaires et coûteux. Mais la nature a ses propres règles : la reprise de certains végétaux peut être contrariée par les aléas du climat. L’obligation de résultat d’une mesure compensatoire peut être parfois compromise si l’espèce cible n’est pas au rendez-vous.
Travailler avec des acteurs reconnus de la filière, ceux de l’Union professionnelle du génie écologique ou ceux qui utilisent la norme NFX 10-900 apporte expertise et expérience. Cela doit rassurer les décideurs. Une qualification pour les entreprises du génie écologique existe et s’appelle KALISTERRE. Cette qualification correspond actuellement au référentiel le plus robuste et le plus exigeant sur le marché du génie écologique.
En conclusion
En intégrant ces sujets, la feuille de route “Ingénierie et Génie Écologique Horizon 2030” pourra non seulement encourager une utilisation plus répandue et efficace des ressources offertes par le génie écologique, mais aussi aider à résoudre les défis et environnementaux, tout en valorisant un savoir-faire local et durable.