par Clara Didier, directrice des projets Ile-de-France | ECT
Les zones humides, est-ce une préoccupation pour ECT ?
Absolument ! La protection de la Biodiversité est une préoccupation et un enjeu majeur pour les projets ECT. Le niveau d’érosion du vivant est alarmant alors que les services écosystémiques rendus par la nature sont indispensables aux êtres humains. Préserver, restaurer ou recréer des milieux naturels permet de renforcer la biodiversité et de limiter son effondrement.
C’est pourquoi, agir pour les zones humides est une priorité car leur rôle est primordial dans les écosystèmes. Parce qu’elles constituent une zone de transition entre les milieux aquatiques et terrestres, les zones humides sont un des milieux les plus riches en faune et flore. Une diversité très importante d’espèces s’y reproduisent (amphibiens et insectes notamment) et s’y alimentent (en particulier l’avifaune et les chiroptères). Elles jouent également un rôle de tampon et de filtre indispensables dans le cycle de l’eau. Les zones humides sont donc essentielles.
ECT transforme des fonciers délaissés et abimés en aménagements non-bâtis à vocation environnementale et sociétale. Ces projets sont réalisés et réalisé par la réutilisation des terres excavées du BTP. ECT a donc un impact direct sur les sites de ses projets. Notre objectif est d’atteindre un solde positif de biodiversité par-delà les obligations réglementaires. Cela prend la forme d’un engagement pour la Nature auprès de l’OFB. Mais également d’évaluations systématiques de la qualité des projets. La conception et la réalisation de nos aménagements offrent de nombreuses opportunités d’actions et de mesures favorables qui inclut selon les cas, la préservation mais plus souvent encore l’amélioration ou la création des zones humides.
Concrètement, quelles actions sont mises en place sur les sites d’ECT ?
La première action indispensable est l’évitement des zones à forts enjeux écologiques, ce qui incluent les zones humides. La réalisation de diagnostics faune-flore est donc un préalable. Ces zones à fort enjeux évitées sont protégées et sécurisées pendant la phase de travaux par la pose de clôtures de chantier. Mais également la mise en place de barrières anti-retour pour les amphibiens. Ces barrières permettent à la faune de quitter le chantier mais empêchent leur retour. La gestion des eaux de ruissellement, pouvant être chargées en matières en suspension, a pour objet de limiter le rejet vers le milieu naturel. Cela nous conduit à créer des fossés de stockage et d’infiltration des eaux. Les redents et les filtres à paille décantent et filtrent les eaux, avant un éventuel rejet.
Ces milieux naturels évités font également l’objet d’une restauration et d’une amélioration – si nécessaire – avec par exemple pour des zones humides :
- un nettoyage de la zone
- un curage, en cas d’atterrissement,
- un éclaircissement du milieu, en cas de fermeture d’un boisement
Lors de la conception et de la réalisation du projet, les enjeux écologiques sont pris en compte. Nous nous engageons sur la réalisation d’aménagements favorables à la biodiversité. Chaque projet est particulier mais des actions très fréquentes sur nos sites peuvent être citées :
- variation du nivellement
- création de milieux naturels privilégiant les typologies présentes localement pour reconstituer les trames vertes et bleues locales,
- diversification des milieux pour favoriser un maximum d’espèces faunistiques et floristiques
- création et plantations de boisements, bosquets, lisières arbustives, haies champêtres, fruticées, prairies de fauche, pelouses calcicoles, réseaux de mares
- mise en place de micro-habitats pour la faune.
Enfin, en bordure de projets le renforcement des mares et des zones humides se concrétise :
- par un raccordement aux fossés périphériques qui permet de garantir leur alimentation en eau
- par un décaissement et une variation de profondeurs des fossés pour une meilleure fluctuation et variation des niveaux d’eau.
2 projets emblématiques de réhabilitations agricoles ont fait l’objet d’un aménagement de zones humides par ECT. Quels sont les retours d’expériences sur les sites de Grisy-Suisnes et de Roissy-en-Brie, en Seine-et-Marne ?
Des suivis écologiques sont en cours pour ces deux sites depuis début 2023, sur 30 ans pour Grisy-Suisnes et sur 5 ans pour Roissy-en-Brie. Ils montrent déjà des résultats très positifs. L’avifaune est bien présente sur les sites avec un retour en cours des amphibiens, puisque des pontes ont été observées.
- reprise de la végétation sur l’ensemble des secteurs
- apparition d’une végétation de zone humide,
- sur l’année, fluctuation du niveau d’eau des zones humides
- mares très fonctionnelles conservant l’eau une très grande partie de l’année
Plus précisément, sur le projet de Grisy-Suisnes, nous avions un engagement règlementaire de recréer plus de 6 000 m² de zones humides dans une zone boisée, en bordure du projet. C’est fut un vrai challenge car au-delà de la création, il faut surtout s’assurer de la fonctionnalité et de la pérennité du milieu humide recréé.
Nous avons procédé en plusieurs étapes, au début 2019 puis à l’automne/hiver 2022. Nous avons été très bien accompagnés des Services de l’État (DDT Police de l’eau) de Seine-et-Marne et par le bureau d’études DRYOPTERIS. Nous avons ainsi procédé sur une surface totale de 6 260 m² :
- à une éclaircissement du milieu
- un décaissement du sol avec différentes profondeurs permettant une variété de secteurs à l’humidité variable
- un ensemencement
- la création de micro-habitats pour la faune,
Ces zones humides sont accompagnées de mares qui ont été restaurées ou créées dans le cadre du projet.
Sur le projet de Roissy-en-Brie, dans le cadre d’un projet de remise en état agricole, nous avons proposé et nous sommes engagés à valoriser et améliorer écologiquement une zone en dépression créée artificiellement par le passé en bordure du projet. L’objectif fut de créer une zone d’aménagement écologique de 3,3 ha.
Toujours accompagné par le bureau d’études DRYOPTERIS, entre l’automne 2022 et l’hiver 2022/2023, nous avons procédé :
- à la suppression des espèces invasives de la zone
- à la création d’un réseau de mares alimentant la zone humide. Les eaux météoriques sont récupérées dans les fossés périphériques autour du projet
- à la réalisation d’une prairie de fauche
- à la plantation de haies et d’arbres isolés autour de la zone humide
- à la mise en place de micro-habitats et refuges pour la faune (en bois et en pierres).